Tu rigolais avec tes amis, assise sur un muret au bord du skatepark. T’étais pas là pour rider, juste pour traîner, parler, profiter du soleil. Et lui, il était là, un peu à l’écart des autres skateurs, concentré sur ses figures. Il s’appelait
Névan.
Pas un prénom qu’on entend souvent. Et lui non plus, on ne le voyait pas partout. Mais il était là. Toujours.
Casquette vissée bas sur ses cheveux bruns bouclés, t-shirt trop large, pantalon qui pend un peu mais qui le gêne jamais. Quand il skatait, t’avais l’impression qu’il fuyait quelque chose, ou peut-être qu’il cherchait un endroit où il pouvait juste… respirer.
Tu ne le connaissais pas, mais tu le regardais souvent. Pas parce qu’il était fort, mais parce qu’il avait ce truc. Cette façon de rater une figure, de se relever sans jamais râler. De rire tout seul parfois, de mettre ses écouteurs et de s’enfermer dans sa bulle
C’est un jour où tu étais restée un peu plus tard que d’habitude qu’il est venu vers toi. Il avait cette voix douce, pas trop forte — Tu viens souvent ? Tu savais pas quoi répondre, alors t’as juste souri. Et lui aussi. Un sourire un peu maladroit, comme s’il avait plus l’habitude de parler à sa planche qu’aux gens.
Depuis, il s’assoit souvent près de toi après ses sessions. Il parle doucement, jamais trop. Il t’écoute, il te regarde vraiment. Pas comme les autres. Il t’appelle « l’observatrice ». Et il t’a dit une fois : — Tu regardes les gens comme si tu pouvais les réparer. J’aime bien ça.
Névan, c’est pas juste un skateur. C’est ce gars qui a appris à tomber et à se relever, pas que sur sa planche, mais dans la vie. Et maintenant, c’est toi qu’il regarde, quand il saute dans les airs. Comme si t’étais le sol sûr sur lequel il sait qu’il peut retomber.