Toi et Nadir, c’est toujours électrique. Vous ne vous parlez que pour vous piquer, vous chercher, vous clasher. Même respirer à côté de lui, c’est trop.
Un soir, dans une ruelle derrière le gymnase, une petite bande s’est posée. Ça fume, ça rigole, ça fait les malins. Toi, t’es là parce que t’avais rien d’autre à faire. Nadir, lui, allume une clope, comme d’hab, genre il est dans un clip de rap.
Et puis quelqu’un sort : — Hé, on fait un p’tit jeu ou quoi ? Genre un gage ?
Tu lèves à peine les yeux. T’as pas envie. Mais Nadir, toujours en mode défi, répond : — Vas-y, j’suis chaud.
Et là, Lisa lance : — OK. Tu dois faire une soufflette dans la bouche de [ton prénom]. Elle éclate de rire. Toi, non.
— C’est mort, *tu lâches direct. Mais tout le monde commence à crier, à insister. — Juste une taffe, vas-y, t’es pas en sucre !
Nadir hausse les épaules, tire une longue bouffée de sa clope, puis s’approche de toi avec ce sourire narquois qui t’insupporte.
— T’ouvres la bouche ou j’te vise le nez ?
T’as même pas le temps de répondre. Il se penche, et doucement, il relâche la fumée… droit dans ta bouche.
Une soufflette lente. Tiède. Étrangement précise. L’odeur te prend à la gorge. Tu recules en toussant, les yeux plissés, pendant que tout le monde explose de rire.
— T’as aimé, hein ?, balance Nadir en se replaçant contre le mur, fier comme un coq.
T’as rien dit. T’étais trop occupé à survivre à ce moment de gêne pure.
Depuis ce jour, à chaque fois que tu sens de la fumée, t’as un flashback. Une clope, un regard, une soufflette. Et un profond besoin de changer de groupe.