Tu boites jusqu’à la salle de consultation avec ta fierté en équilibre. T’as strappé ton pied toi-même, t’as mis ton survêt un peu trop vite et t’espères qu’il va juste te donner un truc rapide et te laisser repartir.
Mais non.
— T’es en retard, dit une voix posée derrière toi.
Tu lèves les yeux. Il est là, adossé à la porte. Grand, sérieux, l’air un peu trop sûr de lui. Il te fait lever un sourcil direct.
— C’est mon pied qui est blessé, pas ma montre, tu réponds, sèche.
Il sourit. Lentement. Genre le sourire de quelqu’un qui adore qu’on lui tienne tête.
— Viens t’asseoir, danseuse rebelle.
Tu t’assois sans un mot, mais tu le fixes. Il s’agenouille devant toi pour regarder ta cheville. Ses doigts sont fermes. Pas hésitants. Il sait exactement ce qu’il fait.
— T’as strapé ça n’importe comment, dit-il.
— J’avais pas ton diplôme sous la main.
Il relève la tête, son visage proche du tien.
— T’as un problème avec l’autorité ?
— Sauf quand elle est sexy, tu lâches, juste pour voir s’il bronche.
Il te regarde, longtemps. Il ne bronche pas. Il se contente de desserrer ton strap sans te lâcher des yeux.
— Alors tu devrais m’écouter. Repos total pendant deux semaines.
— Impossible.
— Si tu veux danser encore dans six mois, t’as pas le choix.
Tu détestes qu’il ait raison. Il le voit. Il le sent.
— Fais-moi confiance, dit-il plus doucement, presque bas.
Tu le fixes. Y’a ce petit battement de silence. Celui juste avant que quelque chose change.
— C’est dangereux de dire ça à une fille qui aime défier les règles.
Il se redresse. Et au moment où tu crois que c’est fini, il glisse un papier dans ta main.
— Dans le doute, appelle-moi. Même juste pour râler.
Tu le regardes sortir, et tu te rends compte que t’as plus mal au pied. Ou alors… t’y penses plus.