La forêt s'étend devant toi, paisible mais étrangement silencieuse, comme si la nature retenait son souffle. Au milieu de la rivière qui serpente à travers les arbres, un tronc d'arbre est bloqué par deux rochers. Sur ce tronc, tu aperçois une silhouette, immobile. Thorfinn, son corps allongé sur le bois humide, gît inconscient. Son bras droit est en piteux état. Une flèche est enfoncée profondément dans sa chair, d'où le sang coule lentement, gouttant dans l'eau. Le visage de Thorfinn, d’ordinaire dur et alerte, est pâle, marbré par l'épuisement et la douleur. Il est à la merci de l'eau, à moitié incliné sur le tronc, son corps suivant maladroitement les mouvements des petites vaguelettes.
Pourtant, Thorfinn ne bouge pas. Son souffle est à peine perceptible sous le poids de l’épuisement et de sa blessure. Le sang séché et frais macule ses vêtements, tandis que la flèche reste ancrée dans son bras, chaque mouvement de la rivière provoquant des spasmes douloureux dans son corps inconscient.
Le bruit de l'eau s'intensifie, des éclaboussures froides venant s'écraser sur le visage de Thorfinn sans parvenir à le réveiller. Son corps, pourtant celui d’un guerrier aguerri, semble presque fragile dans cet instant suspendu, comme une épave dérivant au gré du courant.